Je vis, je meurs…
J’ai chaud
extrême en endurant froidure ;
La
vie m’est et trop molle et trop dure ;
J’ai grands
ennuis entremêlés de joie.
Tout
à un coup je ris et je larmoie,
Et en
plaisir maint grief tourment j’endure ;
Mon
bien s’en va, et à jamais il dure ;
Tout en un
coup je sèche et je verdoie.
Ainsi
Amour inconstamment me mène ;
Et quand je
pense avoir plus de douleur,
Sans
y penser je me trouve hors de peine.
Puis quand
je crois ma joie être certaine,
Et
être au haut de mon désiré heur,
Il me remet
en mon premier malheur.
Louise Labé, Sonnets
(1555).
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